Conformité à l’EUDR – un guide diligence raisonnable en matière de déforestation

Les points de données 24.d et 38.a de l’ESRS E4 exigent que les entreprises publient les politiques adoptées pour lutter contre la déforestation et les indicateurs pertinents.

Le règlement de l’UE sur les produits sans déforestation, EUDR (UE 2023/1115) introduit des obligations relatives à la mise sur le marché de l’UE et à l’exportation depuis l’UE de matières premières et de produits associés liés à la déforestation.

La Commission européenne a publié un guide pour aider les entreprises à comprendre le niveau de diligence raisonnable requis en fonction du type d’entreprise, de sa position dans la chaîne d’approvisionnement (première mise sur le marché/en aval) et de sa taille.

Le document donne un aperçu de la manière dont les obligations s’appliquent, illustré par 11 scénarios de chaîne d’approvisionnement.

Vous pouvez télécharger le document « Conformité à l’EUDR – un guide pour comprendre votre position dans les chaînes d’approvisionnement en bœuf, cacao, café, huile de palme, caoutchouc, soja et bois », en anglais, ici : https://data.europa.eu/doi/10.2779/4084343

En décembre 2024, l’UE a accordé une période de mise en œuvre supplémentaire de 12 mois, rendant la législation EUDR applicable le 30 décembre 2025 pour les grandes et moyennes entreprises et le 30 juin 2026 pour les micro et petites entreprises.

La traçabilité et la transparence sont au cœur du dispositif proposé afin de faire de la durabilité des chaînes d’approvisionnements une nouvelle norme.

Déforestation

Se définit comme la conversion d’une forêt à des fins agricoles, qu’elle soit provoquée par l’homme ou non, ce qui inclut les situations causées par des catastrophes naturelles.

L’évaluation de la contribution d’un produit à la déforestation est effectuée en regardant en arrière dans le temps pour voir si les terres cultivées étaient une « forêt » à un moment donné depuis la date spécifiée dans le règlement (31 décembre 2020).

Une forêt qui a subi un incendie et qui est ensuite convertie en terres agricoles (après la date limite) serait considérée comme une déforestation au sens du règlement.

Dans ce cas précis, un opérateur serait interdit de s’approvisionner en produits relevant du champ d’application du règlement dans cette zone (mais pas en raison de l’incendie de forêt).

Inversement, si la forêt affectée est autorisée à se régénérer, elle ne serait pas considérée comme une déforestation et un opérateur pourrait s’approvisionner en bois de cette forêt une fois qu’elle aura repoussé.

Dégradation des forêts

Désigne les changements structurels de la couverture forestière, prenant la forme de la conversion de :

🌿 forêts primaires ou forêts naturellement régénérées en forêts de plantation ou en autres terres boisées, ou

🌿 forêts primaires en forêts plantées.

Les produits du bois provenant de ces terres converties ne peuvent pas être mis sur le marché ni exportés.

Les systèmes de gestion durable des forêts peuvent être utilisés et encouragés, à condition qu’ils ne conduisent pas à une conversion répondant à la définition de la dégradation.

Quels produits sont concernés ?

Huile de palme, bétail, soja, café, cacao, bois, caoutchouc et produits dérivés des matières premières énumérées (comme le bœuf, les meubles ou le chocolat)

Voir la liste complète des matières premières à l’annexe I du règlement : https://eur-lex.europa.eu/legal-content/EN/TXT/?uri=CELEX%3A32023R1115&qid=1687867231461#d1e32-243-1

Une transition juste, propre, digitale et sociale

Des informations pour mettre en contexte un paysage réglementaire en évolution rapide

Pour donner un sens à l’évolution rapide du paysage réglementaire et éclairer votre planification stratégique, vous trouverez ci-dessous un résumé du Compas de compétitivité européen publié le 29/1 et du programme de travail 2025 de la Commission européenne publié le 11/2 :

Pour devenir plus prospères, plus compétitifs et plus résilients, les citoyens et les entreprises de l’UE doivent être protégés de la concurrence déloyale, des obstacles à l’accès aux capitaux, des coûts énergétiques élevés et du danger imminent du changement climatique.

L’Europe doit agir à l’unisson, exploiter ses atouts et tracer rapidement sa propre voie vers une croissance de la productivité fondée sur l’innovation en vue d’un avenir neutre pour le climat.

Combler le fossé de l’innovation

 L’innovation doit être au cœur du renouveau européen.

Le rapport Draghi montre que la croissance de la productivité résulte de la combinaison de deux forces : l’innovation disruptive générée par de nouvelles start-ups dynamiques qui défient les entreprises en place ; et les gains d’efficacité dans les industries traditionnelles matures qui appliquent ces innovations.

Une stratégie européenne dédiée aux start-ups et aux scale-ups sera créée pour combler le déficit d’innovation.

(Pour information, Cleerit bénéficie du statut de Jeune Entreprise Innovante – JEI, après expertise par le ministère de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, et a reçu le soutien de BPI France et de la Région Sud Investissement.)

La digitalisation pour stimuler la croissance de la productivité en Europe 

La digitalisation et la diffusion des technologies avancées dans l’ensemble de l’économie européenne constituent le deuxième ingrédient nécessaire pour stimuler la croissance de la productivité en Europe.

Au total, 70 % de la nouvelle valeur créée dans l’économie mondiale au cours des 10 prochaines années sera générée par le digital.

La digitalisation ira également de pair avec une simplification visant à réduire la charge de travail en matière de publication.

Nous accélérerons notre cheminement vers un environnement réglementaire digitale et proposerons de supprimer les exigences inefficaces en matière de formats papier.

Promouvoir les technologies propres et les nouveaux modèles économiques circulaires pour atteindre l’objectif de devenir une économie décarbonée d’ici 2050

L’UE doit développer des marchés porteurs et des politiques pour récompenser les précurseurs.

Les secteurs à forte intensité énergétique (acier, métaux, produits chimiques…) sont parmi les plus vulnérables dans cette phase de transition. Ces industries sont également l’épine dorsale du système manufacturier européen et produisent des intrants essentiels pour l’ensemble des chaînes de valeur.

Pour accompagner leur transition, des plans d’action sur mesure seront présentés à la suite du Clean Industrial Deal.

L’efficacité des ressources et la promotion de l’utilisation circulaire des matériaux contribuent à la décarbonisation, à la compétitivité et à la sécurité économique.

Le potentiel circulaire du marché européen du reconditionnement devrait créer 500 000 nouveaux emplois d’ici 2030.

Une proposition de loi sur l’économie circulaire servira à catalyser les investissements dans les capacités de recyclage. Elle s’accompagnera du déploiement d’exigences d’écoconception sur d’importants groupes de produits.

L’environnement sécuritaire est une condition préalable à la réussite économique et à la compétitivité des entreprises de l’UE

Dans un système économique mondial fracturé par la concurrence géopolitique et les tensions commerciales, l’UE doit intégrer plus étroitement les considérations de sécurité et d’autonomie stratégique dans ses politiques économiques.

Le marché unique est essentiel pour construire une dimension continentale dans un monde de géants. Il est aujourd’hui le marché intérieur de 23 millions d’entreprises, fournissant des biens et des services à près de 450 millions d’Européens.

La suppression des dernières barrières intra-UE et l’élargissement du marché unique favoriseront la compétitivité, en offrant des marchés plus vastes, en abaissant les prix de l’énergie et en améliorant l’accès.

La sécurité et la résilience peuvent également devenir un moteur de compétitivité et d’innovation.

Accompagner les personnes, renforcer nos sociétés et notre modèle social 

Le modèle social unique et très apprécié de l’Europe constitue à la fois une pierre angulaire de la société et un avantage concurrentiel.

Cependant, les crises récentes l’ont mis à rude épreuve en ayant un impact sur le coût de la vie, le logement et les inégalités. Cette situation est encore aggravée par les changements technologiques rapides, l’évolution démographique et les transitions sectorielles en cours.

L’un des principaux objectifs de cette Commission sera donc de renforcer l’équité sociale.

En préservant notre modèle social et en garantissant l’équité dans une économie en mutation, nous pouvons favoriser la prospérité, en saisissant les opportunités offertes par les transitions écologique et digitale.

 

The European Competitiveness Compass peut être téléchargé ici >>>

The EU Commission’s Work programme 2025 peut être téléchargé ici >>>

 

Suivez notre page  LinkedIn >> pour plus d’informations sur la CSRD, les ESRS et la VSME

La Commission a publié aujourd’hui des propositions législatives « omnibus »

La Commission a publié aujourd’hui des propositions législatives « omnibus » visant à simplifier la CSRD, la taxonomie verte, la CSDDD et le CBAM.

Comme l’a souligné le comité de reporting sur la durabilité de l’EFRAG lors de la réunion de ce matin, il s’agit d’une proposition à prendre en considération, elle doit être évaluée, cela prendra du temps, nous « ne devrions donc pas tirer de conclusions hâtives ».

Les propositions sont, en bref :

CSRD

  • Exclure les entreprises de moins de 1 000 salariés et dont le chiffre d’affaires est inférieur à 50 millions d’euros ou dont le total du bilan est inférieur à 25 millions d’euros du champ d’application de la CSRD, y compris les sociétés cotées actuellement incluses dans le reporting de la 1ère vague.
  • Reporter de deux ans l’entrée en vigueur pour les grandes entreprises de la 2ème vague et pour les PME cotées (3ème vague), qui doivent actuellement publier respectivement en 2026 (pour l’exercice 2025) et 2027 (pour l’exercice 2026).
  • Supprimer l’exigence de normes ESRS sectorielle (Set 2) de la CSRD.
  • Supprimer l’obligation de passer d’une assurance limitée à une assurance raisonnable en 2028 de la CSRD, afin de garantir qu’il n’y ait pas d’augmentation future du coût de l’assurance.

Taxonomie verte

  • Rendre la déclaration sur la taxonomie verte de l’UE facultative pour les entreprises de plus de 1 000 salariés et dont le chiffre d’affaires est inférieur à 450 millions d’euros.
  • Simplifier les modèles de déclaration de la taxonomie verte et réduire les points de données de 70 %.
  • Introduire un seuil de matérialité pour rendre la publication de l’alignement pour les entreprises ayant moins de 10 % d’activités éligibles non obligatoire.
  • Introduire l’option de publication et d’alignement sur la taxonomie partielle.
  • Réduire la portée de la déclaration obligatoire sur les dépenses opérationnelles et simplifier certains critères de « Ne pas nuire significativement » (DNSH).
  • Ajuster le ratio d’actifs verts (GAR) pour les banques.

CSDDD

  • Reporter d’un an la première vague d’application de la CSDDD (au 26 juillet 2028), afin de donner aux entreprises concernées plus de temps pour se préparer.
  • Exiger une due diligence complète avec des évaluations approfondies des impacts négatifs liés à la chaîne de valeur au-delà des partenaires commerciaux directs, uniquement dans les cas où l’entreprise dispose d’informations plausibles suggérant que des impacts négatifs sont survenus ou pourraient survenir.
  • Réduire la fréquence des évaluations et du suivi des partenaires d’une fois par an à 5 ans (sauf s’il existe des motifs raisonnables de croire que les mesures ne sont plus adéquates ou efficaces).
  • Supprimer les conditions de responsabilité civile de l’UE de la CSDDD, tout en préservant le droit des victimes à une indemnisation intégrale des dommages causés par le non-respect, et en protégeant les entreprises contre la surindemnisation, dans le cadre des régimes de responsabilité civile des États membres.

VSME

  • Pour les entreprises qui ne relèvent pas du champ d’application de la CSRD et de la CSDDD, la norme de reporting volontaire (VSME) développée par l’EFRAG, servira de bouclier en limitant les informations que les entreprises ou les banques concernées peuvent demander à la chaine de valeur.

CBAM

  • Introduire un nouveau seuil annuel cumulé de 50 tonnes par importateur dans le cadre du CBAM.
  • Simplifier les règles relatives à l’autorisation des déclarants CBAM, aux calculs d’émissions, aux exigences de déclaration et à la responsabilité financière.

Les propositions législatives seront désormais soumises au Parlement européen et au Conseil pour examen et adoption.

Pour plus de détail, lire l’article en anglais >>>

Sources :

https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/ip_25_614

https://ec.europa.eu/commission/presscorner/detail/en/qanda_25_615

https://commission.europa.eu/publications/omnibus-i_en

Nouvelle publication pédagogique de l’ANC

Nouvelle publication pédagogique de l’ANC : « Enjeux climatiques : quels liens entre les états financiers et l’état de durabilité ? »

Sujet : Quelles cohérence et complémentarité attendre des informations présentées dans l’état de durabilité (normes ESRS) et les états financiers (normes IFRS ou normes françaises) ?

Objectif : Mieux comprendre l’articulation entre ces deux piliers de l’information des entreprises afin d’accompagner les parties prenantes dans l’appropriation de ces sujets complexes et évolutifs.

Synthèse :

Enjeux climatiques et états de durabilité

Le dérèglement climatique génère des risques physiques et de transition affectant les actifs, les passifs et les activités des entreprises et de leur(s) chaîne(s) de valeur.

Les risques physiques résultent des aléas climatiques aigus (ex. : tempêtes, inondations) et chroniques (ex. : élévation du niveau de la mer, sécheresses prolongées).

Les risques de transition, quant à eux, sont liés aux évolutions réglementaires, technologiques, de marché ou de réputation dans le cadre de la transition vers une économie bas-carbone (ex. : normes d’émissions plus strictes, émergence de nouvelles technologies rendant les technologies existantes obsolètes, modification de la perception des entreprises en fonction de leur stratégie en matière de durabilité).

Ces risques entraînent des effets financiers actuels et futurs.

Les engagements pris et les plans mis en œuvre par les entreprises pour atténuer le changement climatique et s’adapter à ses conséquences nécessitent des investissements et des moyens financiers aujourd’hui et demain.

Lorsqu’ils sont matériels, les risques climatiques (ainsi que les opportunités), les engagements, et leurs effets financiers doivent être publiés dans l’état de durabilité.

Ces effets financiers incluent les incidences sur la position financière, les performances financières et les flux de trésorerie à court, moyen et long terme (ex. : valeur des actifs exposés au risque physique, chiffre d’affaires lié aux activités exposées).

L’état de durabilité est établi selon les normes européennes d’information en matière de durabilité, ‘ESRS’, pour les entreprises assujetties à la ‘CSRD’.

Cet état de durabilité est soumis à une vérification obligatoire.

Enjeux climatiques et états financiers

En parallèle, ces mêmes risques climatiques et engagements pris font partie des éléments de contexte, hypothèses, ou données d’entrée considérés dans l’élaboration des états financiers établis selon les normes internationales d’information financière (‘IFRS’ ou « International Financial Reporting Standards ») ou les normes comptables françaises (‘PCG’ ou Plan Comptable Général).

Selon leur nature, et en fonction des principes comptables applicables, certains enjeux climatiques peuvent avoir une incidence sur les états financiers sous forme d’éléments comptabilisés ou d’informations en annexe (ex. : la révision de la durée d’utilité de certains actifs), d’autres ne génèrent aucun effet immédiat ni information présentée dans les états financiers.

Les cadres normatifs comptables (IFRS, PCG) et de durabilité (ESRS) présentent des différences

Bien que la matérialité financière soit définie de manière identique (une information est matérielle si sa présentation ou son omission peut influencer les décisions des investisseurs/prêteurs), ses conditions d’application peuvent varier en fonction du périmètre de reporting, des horizons de temps, et des critères et seuils d’évaluation et de reporting.

Par ailleurs, les états financiers reflètent généralement des droits et obligations existants à la date de clôture, alors que l’état de durabilité prévoit par ailleurs un grand nombre d’informations de nature prospective (ex. : des cibles d’émissions, des effets financiers futurs, etc.).

Ce qui est présenté dans l’état de durabilité ESRS n’est donc pas nécessairement destiné à figurer dans les états financiers, et inversement.

Connectivité entre l’état de durabilité et les états financiers

La connectivité désigne, selon l’EFRAG, la capacité à intégrer et à articuler les informations issues des différentes sections du rapport annuel pour créer un ensemble d’informations cohérentes et complémentaires permettant une prise de décision éclairée par les utilisateurs des rapports.

La connectivité est spécifiquement requise dans l’état de durabilité par les ESRS, en lien avec les états financiers.

L’analyse des normes et des cas illustratifs montre que, bien que les deux piliers de l’information répondent chacun à des règles distinctes, leur mise en relation, plutôt que leur juxtaposition, met en lumière leur cohérence et leur complémentarité.

Cela fournit une vision holistique de la manière dont l’entreprise aborde et est affectée par les enjeux climatiques.

Quelques enjeux et pistes de réflexion pour les entreprises

Certaines entreprises mettent en place une démarche intégrée pour faciliter le pilotage des enjeux climatiques et éclairer les décisions stratégiques, financières ou opérationnelles (ex. : définition des priorités d’actions et des plans financiers).

Cette démarche peut être organisée à plusieurs niveaux, incluant : la gouvernance (ex. : sensibilisation aux exigences, limites et interconnexions des cadres de reporting), l’organisation (ex. : coordination des équipes de reporting et opérationnelles sur les questions climatiques), et le contrôle interne.

Cette approche intégrée facilite l’alignement des hypothèses d’élaboration des deux reportings (ex. : concernant les investissements et moyens financiers alloués aux actions d’atténuation et d’adaptation climatique, les scénarios de réchauffement climatique, les évolutions réglementaires).

Les ESRS demandent ainsi d’expliquer dans l’état de durabilité les éventuels points de convergence ou divergence et de mettre en évidence les liens directs (c-à-d. montants provenant directement des états financiers) ou indirects (c-à-d. agrégation ou une décomposition des montants présentés dans les états financiers).

Pistes de réflexion pour toutes les parties prenantes

Pour favoriser une meilleure connectivité, les pistes d’amélioration suivantes sont proposées aux autorités, dans la mesure où cette réflexion dépasse le cadre opérationnel des entreprises et implique des considérations plus larges à l’échelle nationale et européenne :

  • sensibiliser et former les acteurs à la connectivité entre états financiers et état de durabilité,
  • exploiter les analyses des premières publications pour contribuer aux réflexions au niveau national, européen et international,
  • intégrer des effets financiers spécifiques dans les futures normes de durabilité sectorielles (ex. : les dépenses de recherche et développement pour les produits bas carbone),
  • poursuivre la réflexion sur l’évolution de la normalisation comptable en lien avec les enjeux climatiques, et favoriser l’incorporation des risques climatiques dans les modèles de valorisation des entreprises.

 

Télécharger la publication de l’ANC ici >>>

 

#getCSRDready, #CSRD, #ESRS

Sur quoi se concentrer pour élaborer un état de durabilité ESRS ?

Ceux qui comptent 1200 points de données ESRS passent à côté de l’essentiel.

Ils font l’erreur de compter les lignes d’un fichier Excel (IG 3) et les traduisent en indicateurs à collecter et publier.

Ils oublient le but des ESRS et supposent que tout est une question de chiffres. Ce n’est pas le cas. Les indicateurs ne représentent que 25 % des ESRS.

Il s’agit surtout du plan d’actions que vous élaborez, et de la manière dont vous pilotez les progrès, pour arriver là où vous voulez être en 2050, ou plus tôt si c’est votre plan.

Il s’agit essentiellement de votre participation à l’exécution d’une stratégie de croissance à l’échelle européenne.

Les informations sont structurées et normées pour favoriser la transparence et la comparabilité, afin que le marché puisse prendre des décisions éclairées.

C’est un outil puissant pour conduire le changement.

Le nombre de données / DPs dans la liste IG 3 est lié à :

  • la normalisation des informations narratives (plus de 50 %), car les ESRS fournissent une structure détaillée, avec des questions spécifiques posées, afin de favoriser la pertinence et la comparabilité des informations publiées,
  • l’intégration des informations requises par d’autres réglementations (15 %) de l’UE (SFDR, Pilier III, Benchmarking, Loi européenne sur le climat).

Pour l’entreprise, le nombre de données dépendra des enjeux de durabilité qu’elle considère comme étant matériels.

Mais aussi du nombre de politiques et d’actions qu’elle a mis en place pour les gérer – car ils ne doivent être publiés que s’ils sont en place.

Quelques exemples de DPs ESRS :

🌿 Est-ce que des contrôles et procédures spéciaux sont appliqués pour la gestion des impacts, risques et opportunités [liés à la durabilité] ?

🌿 Description des actions permettant l’application d’une conception circulaire, entraînant une pérennité accrue des produits et une utilisation optimale [des ressources]

🌿 Nombre de sites que l’entreprise détient, loue ou gère à l’intérieur ou à proximité de ces aires protégées ou de zones clés de la biodiversité, qu’elle affecte négativement

🌿 Quantités des substances préoccupantes générées ou utilisées au cours de la production ou qui sont achetées

🌿 Écart de rémunération entre femmes et hommes

🌿 Nombre de décès de salariés dus à des accidents et maladies professionnels

🌿 Description des actions prises, prévues ou en cours pour prévenir ou atténuer les impacts négatifs matériels sur le personnel de l’entreprise

🌿 Nombre de condamnations pour les actes de corruption

🌿 Description des pratiques en matière de paiement, notamment en ce qui concerne les retards de paiement aux PME

Ces données aident également l’entreprise à faire son analyse en interne, et la plupart qui ont répondu aux questions des ESRS se rendent compte qu’elles ont probablement du travail à faire pour être là où elles souhaitent être en 2050.

Pour vous faciliter la tâche

Pour vous faciliter la tâche, n’hésitez pas à utiliser les modèles ESRS digitaux de Cleerit ESG, préformattés et pré-balisés (xbrl), avec les textes des normes, des instructions et des exemples qui vous guideront tout au long de ce travail collaboratif.

Pour seulement 65 € par utilisateur et mois (ou moins si vous êtes nombreux), vous n’avez plus besoin de lutter avec des feuilles de calcul, des PDF et 300 pages de textes réglementaires, pour rédiger votre rapport et collecter les données quantitatives et qualitatifs dont vous avez besoin auprès de vos équipes.

Les normes ESRS deviennent ainsi compréhensibles et accessibles à tous, et vous pouvez vous concentrer sur l’essentiel.

À la fin du parcours, vous pouvez générer votre rapport aux normes ESRS au format Word, PDF, Excel – mais aussi dans le format « lisible à la machine » (une fois la taxonomie xbrl validée par ESMA).

Nous demander une présentation de l’outil Cleerit ESG qui vous aidera à produire votre état de durabilité ESRS >>>

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La durabilité et l’omnibus dans le compas de compétitivité

Aujourd’hui, 29/1, la Commission européenne a présenté le ‘Compas de compétitivité’, qui oriente les travaux de la Commission.

Les principaux points à retenir sur le reporting de durabilité :

⭕ Simplifier mais maintenir le cap

L’Europe a défini un cadre ambitieux pour devenir une économie décarbonée d’ici 2050. Elle maintiendra ce cap.

Mais la Commission s’efforcera d’atteindre les objectifs convenus de la manière la plus simple, la plus ciblée, la plus efficace et la moins contraignante possible.

⭕ Réduire le coût des charges administratives

Les objectifs fixés en matière de réduction de charges concernent les coûts de toutes les charges administratives, et pas seulement les exigences de reporting.

Les objectifs visent à réduire les coûts récurrents d’au moins 25 % pour toutes les entreprises et d’au moins 35 % pour les PME grâce à des mesures spécifiques pour les PME.

Cela débutera le mois prochain avec une série de mesures ‘Omnibus’ de simplification.

Le premier Omnibus couvrira, entre autres, une simplification dans les domaines de l’information de la finance durable, de la diligence raisonnable en matière de durabilité et de la taxonomie.

Le cadre financier durable vise à mobiliser les investissements dans la transition propre. La Commission veillera à une meilleure adéquation des exigences avec les besoins des investisseurs, mais aussi

✔️ des délais proportionnés,
✔️ des indicateurs financiers qui ne découragent pas les investissements dans les petites entreprises en transition, et
✔️ des obligations proportionnées à l’échelle des activités des différentes entreprises.

⭕ Éviter les effets de ‘ruissellement’

L’effet de ruissellement sera traité pour éviter que les petites entreprises tout au long des chaînes d’approvisionnement ne soient soumises dans la pratique à des demandes de reporting excessives qui n’ont jamais été prévues par les législateurs.

⭕ Définir une nouvelle catégorie de taille d’entreprise pour les ETI

Pour garantir une réglementation proportionnée et adaptée à la taille des entreprises, une nouvelle définition sera bientôt proposée pour les ETI.

En créant une telle nouvelle catégorie d’entreprise, plus grande que les PME mais plus petite que les grandes entreprises, des milliers d’entreprises dans l’UE bénéficieront d’une simplification réglementaire sur mesure dans le même esprit que les PME.

La Commission prépare également une simplification du mécanisme d’ajustement carbone aux frontières pour les petits acteurs du marché.

⭕ Digitaliser le reporting

La digitalisation ira de pair avec la simplification afin de réduire la charge de reporting.

Dans la mesure du possible, les rapports doivent passer à des formats digitaux basés sur des données standardisées.

Source : 10017eb1-4722-4333-add2-e0ed18105a34_en

Les priorités de l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA) pour les états de durabilité ESRS 2024

Le 24 octobre dernier l’Autorité européenne des marchés financiers (ESMA) a établi des priorités de supervision communes au niveau européen en matière de reporting ESRS et publie des recommandations à l’attention des émetteurs en vue de la préparation de leur rapport financier annuel. Ces éléments visent à renforcer la qualité de l’information financière et de durabilité des sociétés.

Priorité 1 : l’analyse de matérialité dans le reporting selon les ESRS

L’analyse de matérialité consiste à identifier les principaux impacts, risques et opportunités de l’entreprise liés à des questions de durabilité. ESMA rappelle les informations à publier pour décrire l’analyse de matérialité menée (la méthodologie, les sources de données, la consultation des parties prenantes, etc.).

En particulier, tous les points de données des sections « IRO-1 » d’ESRS 2 et des normes thématiques doivent être fournis.

ESMA précise également les informations attendues découlant de l’analyse de matérialité (politiques, actions, etc.).

Enfin, ESMA attire l’attention des émetteurs sur la matérialité des informations additionnelles spécifiques que l’entreprise publie en plus des informations ESRS.

Priorité 2 : le périmètre et la structure de l’état de durabilité

ESMA rappelle que le périmètre de consolidation de l’état de durabilité doit en principe être identique à celui des états financiers, et précise que des informations sur la chaine de valeur de l’entreprise sont également attendues.

Les entreprises doivent également suivre la structure imposée de l’état de durabilité ainsi que les règles concernant la présentation des informations et notamment l’incorporation d’informations par référence.

Une attention particulière sera également accordée à la connectivité entre les déclarations financières et les états de durabilité.

L’analyse de matérialité dans le reporting selon les ESRS

Publications sur le processus de DMA

Des informations détaillées sur le processus d’évaluation lui-même, conformément à la norme ESRS 2, sont essentielles pour permettre aux utilisateurs des informations sur la durabilité d’acquérir une compréhension complète de l’étendue des différentes étapes suivies par l’émetteur pour parvenir à ses conclusions de matérialité.

Il s’agit notamment de fournir des informations suffisantes sur les activités, les relations commerciales, les zones géographiques et les parties prenantes prises en compte.

ESMA met en évidence ces points de données spécifiques dans l’exigence de publication (DR) IRO-1

  • 2.53.g – les paramètres d’entrée qu’elle utilise (par exemple, les sources de données, le périmètre des opérations couvertes et les détails utilisés dans les hypothèses)
    2.53.b – la nécessité de désagréger dans les informations les processus suivis pour les impacts
    2.53.c – la nécessité de désagréger dans les informations les processus suivis pour les risques et les opportunités

Les parties prenantes affectées

Un aspect crucial du processus d’évaluation de la matérialité concerne le processus de diligence raisonnable en matière de durabilité, y compris l’engagement avec les parties prenantes affectées.

Selon l’ESRS 1 (section 4), le processus de matérialité de l’impact est éclairé par le résultat de tout processus de diligence raisonnable en matière de durabilité mis en œuvre par l’émetteur.

Les informations communiquées conformément au DR IRO-1 doivent clairement refléter ce lien.

En ce qui concerne l’engagement avec les parties prenantes concernées, ESMA souligne que plusieurs DR de l’ESRS 2 concernent la question de savoir si et comment une entreprise dialogue avec ses parties prenantes, y compris en ce qui concerne son processus d’évaluation de la matérialité (DR IRO-1 DP 2.53.b.iii).

À cet égard, ESMA note que la FAQ 16 de l’IG1 précise que l’objectif d’un tel engagement est d’obtenir les points de vue des principales parties prenantes affectées.

ESMA attend des émetteurs qu’ils fassent preuve d’une transparence totale dans leurs informations conformément au DR SBM-2 et au DR IRO-1 sur la manière dont ils identifient et hiérarchisent les parties prenantes avec lesquelles ils dialoguent.

ESMA note également que la FAQ 10 de l’IG1 stipule que, dans la mesure du possible, l’évaluation de la matérialité s’appuie sur des informations quantitatives comme preuve objective de la matérialité d’un impact, d’un risque ou d’une opportunité.

Les points de données dans ESRS 2 sont obligatoires, y compris IRO-1 dans les normes thématiques

ESMA souligne le fait que, quelle que soit leur matérialité, tous les DR et leurs points de données dans l’ESRS 2 sont obligatoires.

Cela inclut tous les DR et points de données liés à DR IRO-1 dans les normes thématiques, que les sujets connexes soient ou non jugés importants à la suite du processus d’évaluation de la matérialité.

Les informations à fournir conformément aux DR liés à l’ESRS 2 dans les normes thématiques, autres que DR IRO-1, telles qu’énumérées à l’annexe C de l’ESRS 2, sont requises si le sujet est important.

ESMA souligne l’exigence du DR IRO-2 par. 56 et de l’AR 19 de l’ESRS 2 de lister les DR respectés dans l’état de durabilité, y compris les numéros de page et les paragraphes.

La structure de l’état de durabilité

Suivez la structure des ESRS

ESMA encourage les émetteurs à appliquer la structure détaillée fournie à l’annexe F (ESRS 1) à titre d’illustration.

ESMA recommande également aux émetteurs qui ont largement eu recours à des formats de présentation alternatifs pour leurs états de durabilité d’examiner attentivement la conformité de leurs approches avec les exigences ESRS pertinentes.

Comme indiqué dans la déclaration publique de l’ESMA publiée en juillet 2024, sur la première année d’application de l’ESRS :

  • suivre la structure des ESRS dans la préparation des états de durabilité faciliterait le balisage numérique et réduirait la charge puisque la taxonomie numérique suit de près la structure des informations ESRS.

ESMA tiendra également compte de cette structure commune des informations ESRS et de la taxonomie numérique lors de la consultation et de la proposition à la Commission européenne des exigences de balisage des états de durabilité.

Connectivité entre les déclarations financières et les états de durabilité

L’ESMA souligne l’exigence de l’ESRS 1 (paragraphe 124) concernant les montants monétaires ou autres informations quantitatives inclus dans l’état de durabilité et qui sont également présentés dans les états financiers.

⭕ Pour de telles situations de connectivité directe, une référence aux informations correspondantes dans les états financiers est requise.

Sources (pages 5 et 6 portent sur les ESRS) 👇

https://www.esma.europa.eu/sites/default/files/2024-10/ESMA32-193237008-8369_2024_ECEP_Statement.pdf

https://www.esma.europa.eu/press-news/esma-news/esma-announces-2024-european-common-enforcement-priorities-corporate-reporting

Et en français ici (AMF) : Publication des premiers états de durabilité CSRD : l’AMF attire l’attention des sociétés cotées sur les recommandations 2024 de l’ESMA | AMF

Nouvelle version traduite en français des ESRS

Une nouvelle version des ESRS traduites en français est désormais disponible.

Voici quelques exemples de corrections :

Ancienne traduction Nouvelle traduction
Importance Matérialité
Incidence Impact
Partie intéressée Partie prenante
Partie intéressée touchée Partie prenante affectée

Une nouvelle erreur s’est malheureusement glissée dans ESRS 1 : le tableau avec les thèmes de durabilité du paragraphe AR 16 est logé dans AR 15.

Vous pouvez télécharger cette nouvelle version ici :

https://eur-lex.europa.eu/legal-content/FR/TXT/?uri=OJ:L_202490408

Et sur la page de l’AMF du 1er octobre 2024, section « Reporting de durabilité des sociétés cotées (CSRD) : publication par l’EFRAG et la Commission européenne de guides d’application et de foires aux questions » :

https://www.amf-france.org/fr/actualites-publications/actualites/reporting-de-durabilite-des-societes-cotees-csrd-publication-par-lefrag-et-la-commission-europeenne

Ressources pédagogiques de l’ANC sur l’application des ESRS

Le 15 octobre dernier, l’ANC a publié le guide d’application des ESRS au complet, avec l’ensemble des normes ESRS set 1.

Ce guide sur l’application des douze « European Sustainability Reporting Standards » (‘ESRS’) tout secteur, vulgarise les exigences de publication pour les entreprises françaises soumises à la « Corporate Sustainability Reporting Directive » (‘CSRD’).

Son objectif est ainsi de synthétiser certains aspects des ESRS en français pour faciliter leur compréhension et mise en œuvre.

Il a été élaboré par l’Autorité des normes comptables (‘ANC’), et préparé en concertation avec des organisations représentantes des entreprises, des auditeurs et des experts-comptables.

Le nom de ce guide est une source d’inspiration et va au-delà du cadre de la conformité : « Déployer les ESRS : Un outil de pilotage au service de la transition« .

Les auteurs précisent que « les ESRS constituent avant tout un outil de pilotage de la trajectoire des entreprises vers des stratégies et modèles d’affaires durables, avant d’être un instrument de transparence ».

En effet, bien préparer son premier rapport ESRS – et faire cet état des lieux granulaire de la durabilité de l’entreprise que l’exercice impose – n’est pas qu’une question de conformité. C’est avant tout préparer l’avenir et renforcer sa compétitivité en prenant en compte les attentes des parties prenantes et les transformations en cours.

Actuellement conçue pour les entreprises déjà engagées dans l’établissement d’un reporting de durabilité, cette version (OCT24) sera adaptée ultérieurement afin d’accompagner de manière plus pédagogique les nouvelles entreprises entrantes.

Le guide a été transmis au secrétariat de l’EFRAG, mais n’ayant pas de valeur juridique, il n’a pas été formellement validé.

Bravo à la France de mettre autant de moyens en œuvre pour aider ses entreprises – c’est un modèle pour l’Europe !

Et bravo aux rédacteurs Eric Duvaud (membre du TEG de l’EFRAG représentant l’ANC, directeur des normes de durabilité de l’ANC) et Clara de Préville (cheffe de projet durabilité à l’ANC) – un grand merci pour ces conseils utiles !

👉  Le guide de l’ANC est disponible ici >>>

👉  Vous trouverez également les liens des webinaires associés sur la page « Ressources pédagogiques de l’ANC » :

https://www.anc.gouv.fr/normes-dinformation-en-matiere-de-durabilite/ressources-pedagogiques-de-lanc

Retrouverez nous sur notre page LinkedIn >> pour plus d’informations sur la CSRD et sur les normes ESRS.

 

Cleerit ESG – Placing People, Planet & Profit at the heart of Business Strategy & Decisions

Rapport ESRS – points clés des lignes directrices en matière d’audit

Points clés de la mission du vérificateur selon les lignes directrices de H2A 

La H2A a publié une version amendée de la publication de juin 2023 (H3C) des lignes directrices permettant de guider les vérificateurs français dans l’exercice de leur mission, dans l’attente de la future norme européenne.

Voici quelques points clés concernant la vérification du rapport ESRS :

  • Quatre axes de vérification
  • Assurance limitée
  • Identification et sélection des informations à vérifier
  • Contenu du rapport du vérificateur
  • Conclusion des vérifications
  • Faits délictueux et irrégularités

Quatre axes de vérification

Le code de commerce (articles L. 821-54 et L. 822-24) prévoit que le vérificateur, commissaire aux comptes ou organisme tiers indépendant, appelé à certifier les informations en matière de durabilité publiées par l’entité, émette, à l’issue de sa mission, un avis portant sur :

  1. la conformité aux ESRS du processus mis en œuvre par l’entité pour déterminer les informations en matière de durabilité à publier [la DMA] et, lorsque l’entité y est soumise, le respect de l’obligation de consultation du comité social et économique (article L. 2312-17 du code du travail) ;
  1. la conformité des informations en matière de durabilité publiées dans le rapport de gestion avec les exigences de l’article L. 232-6-3 (ou L. 233-28-4 du code de commerce selon l’entité concernée), y compris avec les ESRS ;
  1. le respect des exigences de publication des informations prévues à l’article 8 du règlement (UE) 2020/852 [la Taxonomie verte] ; et
  1. la conformité avec l’exigence de balisage de l’information en matière de durabilité, prévue à l’article 29 quinquies de la directive 2013/34/UE [le tagging XBRL] .

La mission de certification s’articule donc autour de quatre axes de vérification.

Cependant, tant que les normes de balisage n’auront pas été publiées, la mission ne peut donc être envisagée qu’autour des trois premiers axes.

Il s’agit d’une mission différente des missions menées

  • par les commissaires aux comptes au titre des états financiers semestriels ou annuels ou
  • par les organismes tiers indépendants au titre de la Déclaration de Performance Extra-Financière [la DPEF].

Assurance limitée

La mission confiée au vérificateur, devra aboutir à la production d’un rapport de certification, émis sur la base d’une assurance limitée.

Une mission d’assurance limitée est généralement exprimée sous une forme négative, déclaration par laquelle le vérificateur conclut

  • ne pas avoir identifié d’erreurs, omissions ou incohérences susceptibles d’influencer les décisions que pourraient prendre les utilisateurs des informations en matière de durabilité et des informations requises par le référentiel taxonomie.

Dans le cadre d’une mission d’assurance raisonnable, quant à elle, le vérificateur conclut

  • que les informations objet de ses travaux ne comportent pas d’erreurs, omissions ou incohérences susceptibles d’influencer les décisions que pourraient prendre les utilisateurs des informations.

Identification et sélection des informations à vérifier

H2A, 8.3.1 : Compte tenu du volume d’informations en matière de durabilité et du niveau d’assurance attendu (assurance limitée), le vérificateur

  • ne vérifie spécifiquement que certaines de ces informations dans le but d’identifier l’existence, ou non, d’erreurs, omissions ou incohérences importantes,
  • y compris en raison de fraudes ou de pratiques d’écoblanchiment, susceptibles d’influencer le jugement ou les décisions des utilisateurs des informations en matière de durabilité.

… le vérificateur identifie et sélectionne les informations :

  • qui, selon lui, présentent un risque important de non-conformité aux dispositions du code de commerce, et, le cas échéant, du code monétaire et financier, relatives aux informations en matière de durabilité y compris aux ESRS et aux caractéristiques auxquelles elles doivent répondre, à savoir : la pertinence, la représentation fidèle, la comparabilité, la vérifiabilité et la compréhensibilité ; et/ou
  • pour lesquelles, selon lui, il existe des attentes fortes des utilisateurs de tout ou partie des informations en matière de durabilité.

L’identification et la sélection des informations à vérifier spécifiquement … impliquent la prise en compte de la probabilité de survenance et de l’ampleur d’erreurs, omissions ou incohérences dans les informations publiées, au regard de multiples facteurs tels que notamment [entre autre] :

  • le niveau de désagrégation des informations en matière de durabilité nécessaire pour une bonne compréhension des impacts, risques et opportunités matériels
  • les informations spécifiques que l’entité a estimé nécessaires de publier
  • l’existence de financements dont le taux d’intérêt est conditionné à l’atteinte de critères ESG
  • la maturité du dispositif de contrôle interne de l’entité et notamment de ses systèmes destinés à collecter les données sur le(s) sujet(s) considéré(s)
  • les choix opérés par l’entité pour établir les informations et, en particulier, ses décisions quant à l’application de méthodes reconnues ou non
  • la part de jugement et de subjectivité dans la détermination des informations à publier.

H2A précise également qu’il y a des attentes fortes quant aux plans de transition E1 – « sujet critique puisque ces plans sont destinés à refléter la façon dont les entreprises ambitionnent de changer de procédés, voire de modèle d’affaires pour s’adapter au mieux aux objectifs de neutralité carbone et se préparer à l’évolution de la demande de leurs marchés avals, eux aussi bouleversés par la transition.

ESRS E1 impose cette publication pour les entités qui ont établi un plan de transition, mais prévoit également que, si elles n’en disposent pas, ces dernières doivent indiquer si, et, le cas échéant, quand, elles en adopteront un. »

Contenu du rapport du vérificateur

H2A, 17 : Le vérificateur présente les résultats de sa mission dans un rapport écrit destiné à l’organe appelé à statuer sur les comptes. …

Le vérificateur expose [entre autre] :

  • la nature des vérifications qu’il a opérées ;
  • la conclusion de ces vérifications ;
  • le cas échéant, la(les) observation(s) qu’il estime utile d’émettre ; et
  • les éléments qui ont fait l’objet, de sa part, d’une attention particulière.

Conclusion des vérifications

Le vérificateur émet un avis relatif à la conformité, aux normes ESRS, du processus mis en œuvre par l’entité.

Cet avis peut-être :

  • soit un avis de conformité ;
    • Cet avis est émis lorsque les vérifications mises en œuvre
      • n’ont pas conduit le vérificateur à identifier d’erreur, d’omission ou d’incohérence d’une importance telle qu’elles remettent en cause la conformité, aux normes ESRS, du processus.
  • soit un avis de conformité assorti de réserve(s) motivée(s) ;
    • Cet avis est émis lorsque le vérificateur :
      • a identifié, une ou des erreur(s), omission(s) ou incohérence(s) qui n’a (ont) pas été corrigée(s) par l’entité, et qu’il estime d’une importance telle qu’elle(s) remet(tent) en cause la conformité, aux normes ESRS, du processus ; mais
      • que les incidences de cette(ces) erreur(s), omission(s) ou incohérence(s) sont clairement circonscrites et que la formulation de la (des) réserve(s), motivée(s), lui apparaît suffisante pour permettre à l’utilisateur des informations en matière de durabilité de fonder son jugement en connaissance de cause.
  • soit un avis de non-conformité, motivé ;
    • Cet avis est émis lorsque le vérificateur :
      • a identifié, une ou des erreur(s), omission(s) ou incohérence(s) qui n’a(ont) pas été corrigée(s) par l’entité et qu’il estime d’une importance telle qu’elle(s) remet(tent) en cause la conformité, aux normes ESRS, du processus, ou lorsqu’il n’a pas pu mettre en œuvre toutes les vérifications nécessaires pour fonder son avis ; et
      • que les incidences de cette(ces) erreur(s), omission(s) ou incohérence(s) ne peuvent pas être clairement circonscrites ou que la formulation d’une(de) réserve(s) motivée(s) ne lui apparaît pas suffisante pour permettre à l’utilisateur des informations en matière de durabilité de fonder son jugement en connaissance de cause.
  • soit une impossibilité d’émettre un avis, motivée ;
    • Cet avis est émis lorsque le vérificateur :
      • n’a pas pu mettre en œuvre toutes les vérifications nécessaires pour fonder son avis ; et
      • que les incidences des limitations de ses travaux ne peuvent pas être clairement circonscrites ou que la formulation d’une(de) réserve(s) motivée(s) ne lui apparaît pas suffisante pour permettre à l’utilisateur des informations en matière de durabilité de fonder son jugement en connaissance de cause.

Faits délictueux et irrégularités

Lorsque la mission concerne une entité d’intérêt public et que le vérificateur soupçonne ou a de bonnes raisons de soupçonner que des irrégularités, y compris des fraudes, concernant les informations en matière de durabilité et/ou les informations requises par le référentiel taxonomie, peuvent être commises ou ont été commises,

  • il en informe l’entité, au niveau de responsabilité approprié, et
  • lui demande que des investigations soient menées et
  • que des mesures appropriées soient prises pour traiter de ces irrégularités et éviter qu’elles ne se répètent.

Lorsque ces investigations ne sont pas menées, le vérificateur en informe les autorités chargées d’enquêter sur de telles irrégularités.

En outre, quelle que soit l’entité concernée, lorsqu’au cours de sa mission, le vérificateur relève des irrégularités ou des inexactitudes, il les signale à la plus prochaine assemblée générale et/ou à l’organe compétent.

Enfin, lorsque les irrégularités ou les inexactitudes relevées procèdent d’une intention frauduleuse, le vérificateur révèle au procureur de la République ces faits délictueux, sans que sa responsabilité puisse être engagée par cette révélation.

Source (2 octobre 2024) : H2A-CSRD-Lignes-directrices-Certification-durabilite-Octobre-2024.pdf

Points clés des lignes directrices du CEAOB sur l’assurance limitée en matière de rapports sur la durabilité 

Le Comité européen des organismes de surveillance de l’audit (CEAOB) – le nouveau cadre de coopération entre les organismes nationaux de surveillance de l’audit au niveau de l’UE – a également publié des lignes directrices destinées à fournir une assistance de haut niveau pour faciliter une compréhension commune de certains des aspects clés des exigences de mission d’assurance limitée introduites par la CSRD.

Les lignes directrices du CEAOB ne remplacent pas les déclarations nationales qui pourraient être en vigueur au niveau national dans les États membres de l’UE. Elles doivent être lues conjointement avec toute règle nationale applicable à l’assurance sur les rapports de durabilité.

Inexactitude(s) significative(s)

Les praticiens doivent obtenir une assurance limitée que les informations communiquées par l’entité sont exemptes d’anomalie(s) significative(s).

Un praticien est un commissaire aux comptes et/ou un prestataire de services d’assurance indépendant.

Une anomalie est une différence entre une information fournie (ou omise) et l’information appropriée requise par le cadre de reporting (ici les ESRS et le cadre de référence de la taxonomie).

Les anomalies peuvent être quantitatives ou qualitatives et inclure des informations omises. Les anomalies peuvent provenir d’erreurs ou de fraudes.

La matérialité est pertinente pour les informations quantitatives et qualitatives, compte tenu de l’influence potentielle des inexactitudes sur les utilisateurs visés de l’information.

Lors de l’identification des risques d’inexactitudes matérielles, une attention particulière doit être accordée aux informations susceptibles d’être les plus importantes pour les besoins d’information des utilisateurs visés et à la question de savoir si ces informations répondent aux caractéristiques qualitatives de l’information définies par les ESRS, notamment la pertinence et représentation fidèle de l’information.

Pour la première année de la mission d’assurance limitée, en raison de contraintes de temps, les praticiens peuvent choisir de procéder à une identification des informations susceptibles de contenir des inexactitudes matérielles.

Les praticiens doivent concevoir et exécuter des procédures pour obtenir des éléments probants suffisants et appropriés sur lesquels fonder le rapport d’assurance limitée.

Dans le contexte des rapports sur la durabilité, les inexactitudes identifiées au cours de la mission d’assurance limitée ne peuvent souvent pas être cumulées (en un seul montant d’inexactitude « total ») pour déterminer leur effet global, en particulier pour les informations qualitatives, compte tenu de la diversité des types d’informations.

Avant de conclure dans leur rapport, les praticiens doivent donc examiner toutes les inexactitudes identifiées pour déterminer si :

  • il existe une ou plusieurs inexactitudes matérielles ; et/ou
  • si l’on considère tous ces éléments, compte tenu de leur taille, de leur nature et de leur nombre, on peut raisonnablement s’attendre à ce qu’ils influencent les décisions prises par les utilisateurs prévus des déclarations de durabilité.

Fraude et non-respect des lois et des réglementations

Tout au long de la mission d’assurance limitée, les praticiens doivent rester attentifs au risque de fraude et aux cas de non-respect des lois et des réglementations.

Les praticiens doivent communiquer les irrégularités détectées au cours des missions d’assurance effectuées pour des entités d’intérêt public à l’entité et, si l’entité n’enquête pas sur la question, aux autorités désignées par l’État membre comme étant chargées d’enquêter sur ces irrégularités.

Le non-respect des lois et des réglementations, détecté au cours de la mission d’assurance de durabilité entre dans cette catégorie.

Informations prospectives et estimations

Les praticiens doivent se concentrer sur la question de savoir si les informations fournissent les politiques, les objectifs et les plans existants de l’entité lorsque ceux-ci sont en place.

Les praticiens ne sont pas tenus de garantir que les informations prospectives se réaliseront telles que publiées par l’entité, mais ils doivent rester critiques à l’égard des informations prospectives fournies (en particulier si elles semblent déraisonnables), notamment si les méthodes sous-jacentes utilisées pour élaborer les informations prospectives sont appropriées et ont été appliquées de manière cohérente.

Les praticiens ne sont pas tenus d’effectuer des tests de détail (appelés procédures de fond) sur les estimations, mais doivent rester critiques à l’égard des estimations utilisées pour les publications, y compris les méthodes sous-jacentes utilisées (en particulier si les estimations semblent déraisonnables).

Conformité aux normes ESRS, représentation fidèle et informations spécifiques à l’entité

La conformité aux dispositions légales et aux normes ESRS couvre la conformité aux dispositions exigeant que les entités communiquent les informations nécessaires pour comprendre

  • les incidences de l’entité sur les thèmes de durabilité et
  • comment les thèmes de durabilité affectent le développement, la performance et la position de l’entité, et qui répondent aux caractéristiques qualitatives des informations.

Si le processus d’évaluation de la matérialité de l’entité n’est pas conçu et/ou mis en œuvre de manière appropriée, l’entité peut fournir des informations incomplètes ou non pertinentes (les informations, incidences, risques et opportunités matériels n’étant pas publiés ou étant masqués par des informations non matériels), ce qui signifierait que la ou les caractéristiques de « pertinence » et/ou de « représentation fidèle », qui englobent l’exhaustivité, ne seraient pas respectées.

La conclusion selon laquelle les rapports de durabilité sont conformes aux normes ESRS, ou ont été préparées conformément aux normes ESRS, couvre en outre les exigences ESRS selon lesquelles l’entité doit fournir des informations spécifiques à l’entité lorsqu’une incidence, un risque ou une opportunité n’est pas couvert ou pas couvert avec une granularité suffisante par une norme ESRS, mais est matériel en raison de ses faits et circonstances spécifiques.

Ces informations spécifiques à l’entité, qui vont au-delà de celles spécifiquement détaillées par la norme ESRS, sont requises dans le cadre des rapports de durabilité conformes aux normes ESRS.

Expression de la conclusion et rapport d’assurance

S’agissant d’une mission d’assurance limitée, la conclusion doit être exprimée par les praticiens sous une forme d’expression négative.

La publication de la Commission européenne mentionne que les praticiens sont censés conclure qu’aucun élément n’a été porté à leur connaissance qui les amène à croire que

  • les informations incluses dans la déclaration de durabilité ne sont pas présentées fidèlement, dans tous leurs aspects significatifs, conformément aux normes ESRS et
  • qu’elles ne sont pas conformes aux exigences légales de l’article 8 du règlement sur la taxonomie.

Le rapport d’assurance limitée doit inclure un résumé des procédures effectuées par les praticiens.

Lorsque, selon le jugement des praticiens, les rapports de durabilité et/ou les informations à fournir au titre de l’article 8 contiennent une ou plusieurs anomalies significatives, les praticiens doivent exprimer :

  • une conclusion avec réserve si l’étendue de l’anomalie n’est pas généralisée, ou
  • une conclusion défavorable dans le cas contraire.

Les praticiens doivent décrire l’anomalie significative identifiée dans la base de la conclusion du rapport.

Lorsque, dans des circonstances exceptionnelles, les praticiens sont confrontés à une limitation de la portée de leur travail et ne sont pas en mesure de déterminer si une anomalie significative aurait pu être découverte si cette limitation n’avait pas eu lieu, les praticiens doivent exprimer :

  • une conclusion avec réserve si l’étendue potentielle de l’anomalie n’est pas généralisée, ou
  • une renonciation à la conclusion dans le cas contraire.

Les praticiens doivent préparer et conserver une documentation qui fournit un enregistrement de la base du rapport d’assurance limitée.

La documentation préparée et conservée doit être suffisante pour permettre à un praticien expérimenté n’ayant aucun lien antérieur avec la mission d’assurance de comprendre le travail effectué, les éléments probants obtenus et la conclusion tirée.

Incorporation par référence

Lorsque des informations communiquées par l’entité en application des normes ESRS, et donc dans le cadre de la mission d’assurance limitée, sont incorporées par référence, les praticiens

  • doivent vérifier que les conditions décrites dans les normes ESRS sont remplies et
  • doivent communiquer avec le(s) prestataire(s) du rapport d’assurance ou obtenir le rapport d’assurance couvrant le document (ou la partie du document) auquel les déclarations de développement durable font référence et dans lequel se trouvent les informations incorporées par référence.

Informations groupe / consolidées

Lorsque l’entité prépare des déclarations de développement durable consolidées au niveau du groupe, les praticiens doivent notamment vérifier que l’entité a procédé à l’évaluation des incidences, risques et opportunités matériels pour l’ensemble du périmètre des entités consolidées à couvrir conformément aux normes ESRS et a fourni des informations au niveau consolidé.

Mission d’assurance par plusieurs praticiens

Les praticiens se répartissent les travaux à réaliser en veillant à ce que cette répartition soit équilibrée.

Les travaux réalisés par chaque praticien font l’objet d’une revue critique par l’autre praticien, appelée « revue croisée ».

Le rapport d’assurance limitée est établi conjointement par les praticiens.

Lorsque les praticiens ont des conclusions divergentes, ils énoncent chacun leur conclusion respective dans le rapport d’assurance limitée.

Source (30 septembre 2024) : CEAOB-guidelines-limited-assurance-sustainability-reporting_en.pdf